Grève nationale: détermination intacte

Grève nationale: détermination intacte

Jour de grève nationale interprofessionnelle ce mercredi 26 novembre. Le point culminant d’un mouvement de quatre jours d’actions contre les mesures du gouvernement Arizona. Le pays est largement à l’arrêt.

Des centaines de piquets

Dans toutes les régions, les piquets se sont multipliés dès les premières heures du jour. Un peu partout, la scène est la même : braseros allumés, drapeaux et banderoles, cafés fumants et discussions animées. Fierté d’être là. L’ambiance est combative, mais aussi fraternelle. Certains piquets, particulièrement fournis, témoignent de l’ampleur exceptionnelle de la mobilisation et de l’unité syndicale, toutes couleurs dehors.


Solides malgré les tensions

Aux abords d’un zoning industriel à Mouscron, on nous explique que la matinée a été marquée par quelques tensions : « C’est chaud ici depuis ce matin. Plusieurs camionneurs ont essayé de nous rentrer dedans, l’un d’entre eux a voulu forcer et est resté embourbé », raconte une déléguée sur place. Le véhicule est toujours là, bloqué. Ironiquement, il vient renforcer le piquet. L’incident n’entame pas la détermination, et les marques de soutien affluent également. Un chauffeur polonais, pourtant lui aussi stoppé par le barrage, salue l’action des grévistes.


Cora, un symbole fort de la lutte

Dans la région du Centre, le Cora de La Louvière cristallisait aujourd’hui les préoccupations du commerce. L’enseigne doit fermer fin janvier. Sur place, l’émotion est palpable. On dénonce les mesures gouvernementales qui vont venir frapper de plein fouet un secteur déjà fragilisé. « La flexibilité amène la précarité. Horaires éclatés, contrats instables, multiplication des flexijobs et jobs étudiants… En parallèle, on organise consciemment la fragilisation de la sécurité sociale en multipliant les formes d’emploi qui n’alimentent pas les caisses. Aujourd’hui nous sommes ici pour dire STOP », indique le délégué principal.


Ce mercredi matin, une marche a rassemblé environ 200 personnes au départ de la place de La Louvière. Les délégations ont parcouru la ville avant de rejoindre le piquet installé devant Cora. Un cortège hautement symbolique, tous secteurs confondus. Solidaires.


Georges le « chiendicaliste » liégeois a fait le tour des piquets en Cité ardente, dès les petites heures! Là encore, mobilisation sans faille et camaraderie étaient de mise. « 4 jours de mobilisation pour un monde plus juste. C’est dans la rue, sur les piquets que les rêves se dessinent et deviennent nos conquêtes sociales. » (Minervina Bayon, secrétaire régionale)


« Jusqu’à 67 ans, c’est impossible »

À Bruxelles, les piquets et actions se multiplient. Dans la construction, la pénibilité du travail renforce encore la colère face au gouvernement. « Travailler jusque 67 ans, c’est impossible avec un métier aussi lourd », rappelle Noël, délégué Centrale générale à Bruxelles. « C’est pour ça qu’on est là aujourd’hui. » Olivier, permanent dans ce secteur, confirme. « Les ouvriers du bâtiment, qui travaillent à toute heure et par tous les temps, avaient une perspective : celle de pouvoir partir à la pension plus tôt, via les RCC. Pour les métiers pénibles, la pension à 67 ans, ce n’est pas envisageable. »


Des messages syndicaux clairs

Les revendications sont nombreuses, autant que les attaques du gouvernement sur les conditions de vie du monde du travail. Index, pensions, flexibilité, tout y passe. Le récent budget n’apaise rien, bien au contraire.

 « Pas touche à l’indexation », martèle Bert Engelaar, Secrétaire général de la FGTB. « C’est ce que j’entends partout, à chaque piquet, dans chaque entreprise. Chez les délégués, chez les militant·e·s… La quasi suppression de la prépension n’avait pas encore été digérée, qu’on nous sert déjà un saut d’index partiel ! Tout cela a un goût très amer. »

Pour Thierry Bodson, Président de la FGTB, le succès de cette grève se mesure aussi à la diversité sur le terrain.


«  On est dans un combat exceptionnellement long et historique, aussi dans sa diversité. Tout le monde se mobilise, tous les secteurs. Tout le monde a compris le mépris de ce gouvernement, qui diminue le pouvoir d’achat de tous les citoyens.  »

— Thierry Bodson, Président de la FGTB

Un budget qui aggrave les choses

Interrogé sur l’accord budgétaire fraîchement conclu, il est catégorique : « Ce mouvement s’oppose à l’accord d’été, et ce n’est pas parce qu’il y a un budget – qui empire encore les choses – qu’on va s’arrêter. Au contraire, ce mouvement va s’amplifier et se poursuivre en 2026. »

Selena Carbonero, Secrétaire fédérale de la FGTB, confirme : « On annonce une nouvelle opération d’économies décidée à l’aube de 3 jours de grève ! 9,2 milliards d’euros… avec une facture de plus de 8 milliards présentée au monde du travail… Il est certain que cette journée n’est pas une clôture, et qu’on décidera de poursuivre la mobilisation. »

La mobilisation s’inscrit dans la durée. Les quatre jours d’actions qui viennent de se terminer n’ont fait que renforcer le sentiment d’urgence.

Aurélie Vandecasteele
Rédactrice en chef, Syndicats Magazine, FGTB |  Plus de publications

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