Cette semaine, la Belgique s’est arrêtée. Quatre jours durant, les femmes, les jeunes, les travailleuses et travailleurs, les services publics, la culture et bien d’autres – toutes celles et ceux à qui le gouvernement Arizona tourne le dos – ont bâti un mur de dignité. Face à cette mobilisation historique, que nous sert le gouvernement De Wever ? Un budget qui présente la facture à celles et ceux qui font tourner ce pays. Rien d’autre.
Pendant des mois, nous avons crié, manifesté, expliqué, alerté. Dans la rue, sur les piquets, dans les entreprises. 140.000 personnes mi-octobre, puis quatre jours d’actions, de grèves et de solidarité. Le budget tombe enfin, après des semaines d’atermoiements politiques. Pour quel résultat ? Un plan d’« assainissement » massif, sans horizon, sans projet de société, sans la moindre réponse à ce qui nourrit la colère depuis des mois.
Ce budget confirme tout ce que nous dénonçons depuis l’été :
- Une attaque frontale contre le pouvoir d’achat. Le gouvernement se félicite de maintenir l’index, mais en réalité il en modifie le mécanisme pour… près de la moitié des salariés belges, et un tiers des pensionnés. Une brèche est ouverte. Une première. Une menace. En parallèle, le gaz naturel sera plus cher, ce qui coûtera principalement aux locataires de logements mal isolés… Enfin, les promesses d’augmentation en net liées à la réforme fiscale fondent comme neige au soleil…
- Un malus Jambon toujours d’actualité, qui punira celles et ceux qui ont travaillé toute leur vie mais ne remplissent pas les critères imposés pour partir avant 67 ans. Une injustice flagrante qui frappera d’abord les métiers pénibles, les temps partiels… et donc les femmes.
- Une pression supplémentaire sur les maladesde longue durée – il en faudrait « 100.000 demoins » -, sommés de retourner au travail, alors que le marché du travail, lui, n’est pas rendu plus sain… au contraire.
- Un marché du travail encore plus flexible, toujours à sens unique. Plus d’heures supplémentaires, plus de travail de nuit, moins de droits, moins de concertation. Les travailleurs et travailleuses devraient se plier, encore, toujours.
Les grandes fortunes, elles, respirent. L’impôt sur les comptes-titres augmente à peine tandis que les vrais leviers – revenus du capital, fraudefiscale – restent intouchés. Les grandes fortunes s’en sortent une fois de plus à bon compte.
Alors oui, cette semaine, le travail s’est arrêté face à un gouvernement qui ignore la réalité sociale d’un pays entier. Et nous ne nous arrêterons pas là.
Ces quatre jours d’action ont montré autre chose : une force collective intacte. Une solidarité vivante. Une détermination qu’aucun budget, aussi injuste et déséquilibré soit-il, ne pourra étouffer. Nous avons montré que personne ne mérite ce que ce gouvernement impose – ni le mépris, ni la précarité, ni l’austérité.
La FGTB l’a dit clairement : ce budget n’est pas un point final. C’est une confirmation – brutale, froide, assumée – qu’il faut maintenir la pression.
Parce qu’il n’y a pas de progrès sans lutte.
Parce qu’il n’y a pas de justice sans solidarité.
Parce qu’il n’y a pas d’avenir si nous ne l’écrivons pas ensemble.
Pour nos droits. Pour la suite.
