La FGTB lançait voici un mois une campagne d’envergure intitulée « Plus social, plus fort ». Une campagne qui prône une société plus juste, et incite l’électeur ou l’électrice à voter en ce sens lors des prochaines élections. Syndicats Magazine en parle avec Thierry Bodson et Miranda Ulens.
Le syndicat rouge est le seul à mener une telle action en période pré-électorale. Une action pourtant cruciale, à l’heure où l’extrême droite surfe sur toutes les colères, toutes les frustrations, pour diffuser sa haine et tenter de prendre le pouvoir. Sur le site de la campagne « Plus social, plus fort », on peut lire ceci : « Les forces politiques de gauche, en ce compris le monde associatif et les syndicats, sont le seul rempart contre la peste brune. Il nous revient de démasquer l’extrême droite qui usurpe un discours social mais qui a, de tout temps et en toute circonstance, été le pire ennemi de la classe travailleuse et agi contre elle. » Rencontre.
La rôle d’un syndicat
La campagne de la FGTB ne donne pas de consigne de vote, mais elle donne une direction : celle d’une société plus solidaire, plus juste, plus équitable. Allons droit au but : est-ce là le rôle d’un syndicat ?
Miranda Ulens : Nous ne vivons pas sur une île. Nous sommes au cœur de la société, avec un million et demi d’affiliés à la FGTB. Et nous pouvons uniquement fonctionner lorsque les responsables politiques respectent la démocratie sociale. Dès lors, les élections politiques représentent un enjeu crucial pour nous et nos membres. C’est dès maintenant qu’il faut en parler, convaincre. Pas la semaine avant les élections. Notre but est que des personnes attachées aux mêmes valeurs que nous soient au pouvoir. Des personnes qui agissent en faveur de la redistribution des richesses, de la justice sociale. Nous devons donc le faire savoir clairement à nos membres, à nos militants et militantes. Chaque voix est importante. Il faut bien réfléchir à qui on la donne. Enfin, il est essentiel que les décideurs politiques sachent exactement ce que nous attendons d’eux, de façon à ce qu’une fois au pouvoir, ils – et elles – concrétisent cette politique sociale.
Thierry Bodson : Oui, nous avons la légitimité d’interpeller le monde politique, les responsables, les candidats et candidates aux élections. Nous recevons à la FGTB des milliers de personnes chaque jour. Ces milliers de personnes viennent toutes nous raconter une petite histoire qui les concerne. Nous ne sommes jamais que la somme de ces petites histoires. Et donc, on constate au quotidien que les vraies préoccupations des gens, c’est « comment on finit le mois ». Notre rôle c’est de contribuer à faire en sorte que tout le monde puisse vivre dignement. Par ailleurs, la plupart des gens qui viennent à nos guichets – même lorsqu’ils ont vécu des situations graves, comme perdre un emploi, être malade – demandent d’abord qu’on règle leur problème. Eux, ils ne cherchent pas de bouc émissaire. C’est pour ça qu’il est essentiel de concentrer la campagne politique sur ces préoccupations socio-économiques.
C’est un message à la gauche?
TB : La gauche en général comprend, et développe des campagnes politiques et des programmes qui sont orientés sur les problèmes socio-économiques des gens. Il faut surtout que cette même gauche ne se laisse pas entraîner vers d’autres problématiques, telles que l’immigration, le rejet de l’autre… Parce que même si les valeurs qu’on défend sont solidaires, honorables, quand on est en campagne électorale, c’est tellement facile de parler avec des slogans.
Oui, on cherche à mettre en avant le pouvoir d’achat et la dignité de toutes et tous. Mais derrière cela, il faut rappeler qu’il existe vraiment une volonté de la part de l’immense majorité de la population de vivre ensemble. Quand vous êtes à un niveau micro, que ce soit au niveau d’un village, au niveau d’un quartier, il y a une solidarité qui se crée. Il faut entretenir ça. La solidarité, les gens sont POUR.
MU : La solidarité est ancrée dans l’ADN des Belges. Nous l’avons vu durant le Covid-19 et nous le voyons encore aujourd’hui, jour après jour.
Concrètement, qu’attendez-vous?
MU: Est-ce que nous portons notre message aux partis de gauche ? Oui, bien sûr. Ces partis avancent un programme proche de nos revendications. Mais nous attendons d’eux qu’ils intègrent, dans l’accord de gouvernement, tous ces points de programme qui permettront de réelles avancées pour la population. Concrètement, nous attendons par exemple des partis de gauche que notre revendication d’une révision de la loi sur la norme salariale, la loi dite de 96, soit reprise dans une future coalition, de façon à ce que l’on puisse entamer des négociations collectives sur les salaires.
TB : Le vécu des gens permet de défendre des positions politiques. Est-ce qu’il est essentiel qu’on ait un service de droit social dans les régionales de la FGTB ? Oui. Est-ce que c’est uniquement pour régler les problèmes individuels de nos membres ? Non. L’autre aspect important, c’est de pouvoir se dire: tiens, pour le moment, quand les gens font appel à nous, voilà pourquoi ils le font. Voilà quel est leur problème. Et tous ces problèmes juridiques, il faut les traduire en revendications politiques.
J’ai une anecdote qui date d’il y a une vingtaine d’années. Rudy Demotte était alors ministre des Affaires sociales. Il prévoit une mesure qui allait impacter le montant de la pension des veuves de mineurs. Je travaillais encore à Liège à l’époque. Après l’annonce de cette mesure, la salle d’attente de la FGTB de Liège était soudainement remplie de vieilles dames italiennes avec leur famille, et ces gens pleuraient. Ils ne pleuraient pas parce qu’ils manquaient d’argent. Ils pleuraient parce que cette mesure leur manquait de respect. Je l’ai dit à Rudy Demotte, qui est venu à la régionale : « Le père qui est mort à la mine, tu lui manques de respect. » Il a changé d’avis. Et ça c’est parce qu’on a un office de droit social, et qu’on porte les revendications des gens.
Santé, bien-être, travail
Vous menez cette campagne en même temps qu’une autre non moins essentielle: les élections sociales à venir… Tout est lié?
MU : La démocratie politique et la démocratie sociale sont indissociables. Prenons un exemple : la conciliation vie privée et vie professionnelle. C’est un point très important pour les gens. Vers qui se tournent-ils lorsqu’ils rencontrent des problèmes de ce type ? Vers leur délégation syndicale. Celle-là même qu’ils éliront en mai prochain pendant les élections sociales. Ces délégués et déléguées pourront alors se baser sur un cadre légal pour trouver une solution. Et qui définit ce cadre? Les responsables politiques. En tant qu’interlocuteurs sociaux dans différents organes de concertation, nous pouvons négocier. Nous pouvons peser dans les débats et discussions parlementaires. Mais là encore, nous avons besoin d’élus de gauche pour traduire en loi les préoccupations des travailleurs et travailleuses.
La santé du monde du travail, aussi…? On voit dans votre récent baromètre que les travailleurs et travailleuses ne vont pas bien.
MU: Le nombre de personnes en incapacité de travail de longue durée augmente fortement, sans parler du nombre de burn-out, qui n’a jamais été aussi élevé. C’est parce que l’équilibre a disparu. Le mouvement socialiste émergent s’est battu à l’époque pour les « 8-8-8 » : la semaine de huit heures, les huit heures de détente et les huit heures de repos. Continuons sur cette lancée et franchissons un nouveau cap. Défendons une semaine de quatre jours. Pour que ce ne soient plus les burn-out qui atteignent des niveaux inégalés, mais bien la qualité de vie.
Alors que j’évoquais un jour la semaine de quatre jours, on m’a reproché dans les rangs adverses de mettre en avant une idée d’un autre temps, de prôner une image vieillotte et dépassée. J’en ai donc longuement discuté avec les militants et militantes. Résultat? Cette question vit dans nos cercles. Aujourd’hui peut-être même plus qu’avant. Nous travaillons pour vivre et pas l’inverse. Nous devons trouver un moyen de faire de nos rêves une réalité. Car c’est ce qui nous lie au fond : l’intime conviction de réaliser des avancées, de rendre notre société plus sociale et plus forte. Nous avons donc besoin de décideurs politiques qui portent cette réduction du temps de travail. Pour définir ensemble un cadre politique pour y parvenir.
Concrètement, comment porter et expliquer les revendications de la FGTB sur le terrain, dans les entreprises ?
MU : Les délégués défendent et améliorent les conditions de travail de leurs collègues. Ils partagent nos valeurs, nos revendications, nos rêves. Nous les renforçons dans cette démarche. Nous donnons des formations, organisons des débats, et spécifiquement dans le cadre des élections sociales. Il s’agit d’un travail en continu.
TB : Je confirme. Dans le cadre des élections sociales, il y a des gens de terrain qui sont là, qui militent activement. Il faut vraiment qu’on profite de l’élan qui existe à ce moment-là, des rencontres et conversations, pour mettre en place des débats, au niveau de nos régionales par exemple. Des débats avec les candidats locaux aux élections, pour confronter ces derniers à notre mémorandum et à la réalité de terrain que nos délégués vivent et ressentent. Nous à gauche, on est pour le progrès. Et à droite, pour la modernité. On aime mieux notre progrès.
Index, salaires, justice fiscale et sociale
Les sujets de le campagne, les revendications de meilleurs salaires, d’une fiscalité plus juste, etc, est-ce que c’est payable ? Quelles sont les recettes à appliquer ?
MU : Nous devons aller chercher l’argent là où il se trouve. Les épaules les plus solides doivent porter les charges les plus lourdes. Ensuite, nous devons lutter contre les inégalités par une meilleure redistribution des richesses. Les responsables politiques qui gèrent les moyens publics et font des choix à cet égard – c’est ce pourquoi ils sont élus – doivent veiller à ce que des progrès soient engrangés pour tous, et pas seulement pour un groupe déterminé de la société.
TB : L’intérêt d’une campagne comme celle-ci – et à nouveau c’est grâce à tous les endroits où on siège – c’est de pouvoir dire « Nos revendications, elles ne sont payables ». On est dans une société où l’activité économique est ce qu’elle est, ça monte, ça descend… La répartition des richesses y est totalement inégale. Mais par contre, la création de richesses est suffisante pour répondre à nos revendications. Ça, c’est un gros message qu’on doit faire passer, même auprès de nos membres, délégués, militants et militantes. Car parfois ils lisent le journal, écoutent la radio… et ça leur donne l’impression qu’il faut qu’on se partage la misère. Non, on est dans un pays, dans une économie, où il y a des marges.
MU : Sur la richesse que nous avons créée tous ensemble en 20 ans, la part qui revient aux salaires a diminué de 66 à 60 %. Alors que cela devrait être l’inverse. Pendant la crise du Covid, tout le monde applaudissait tous ces héros qui continuaient à travailler. Mais en fin de compte, c’est leur part de richesse qui a diminué, quand la part qui va au capital, aux profits et aux actionnaires continue de grandir. En période de crise, il faut permettre à tout le monde de s’en sortir, mais ensuite, nous avons encore le droit d’exiger des entreprises un “retour sur investissement”, pour utiliser les termes du marché. Pour que tout ne disparaisse pas dans les profits privés !
L’indexation automatique des salaires est l’un des premiers points développés dans la campagne…
TB : J’ai un message pour la droite et les employeurs… Ce que l’on entend sur une remise en question de l’indexation automatique des salaires, c’est ignoble. Parce qu’à partir du moment où on refuse ce principe-là, ça veut dire qu’on assure le fonctionnement de l’économie sur la diminution du pouvoir d’achat des gens. Parce que c’est quoi en fait refuser une indexation automatique ? C’est simplement dire « pour conserver la compétitivité des entreprises, on va retarder de 1 an, 2 ans ou 3 ans le pouvoir d’achat des gens ».
MU : En France, il n’y a pas d’indexation automatique. Le prix du beurre y a augmenté de 40 %, et les salaires ne suivent pas les augmentations des prix. Les problèmes sont alors inévitables. L’index sert à compenser le coût de la vie. Et la loi sur la norme salariale de 1996 n’a rien à voir avec ça. Cette loi nous laisse pieds et poings liés et permet aux employeurs de partir avec une longueur d’avance lorsque nous entamons des négociations…
Le syndicat, repère et rempart
On vit à une époque où l’information est constante, difficile à décrypter. Certains n’hésitent pas à dire que le syndicat est un acteur d’un autre temps. Est-ce qu’au contraire, avec une campagne comme celle-ci, la FGTB se positionne comme un repère pour celles et ceux qui essaient de comprendre les enjeux politiques et économiques d’aujourd’hui ? Que répondez-vous à ces critiques?
TB : Juste une chose… Si on était à ce point inutiles, inefficaces, dépassés, il n’y aurait pas eu un projet de loi Van Quickenborne. C’est parce qu’on gêne qu’on veut nous empêcher de faire grève. C’est parce qu’on gêne qu’on nous envoie des huissiers. Enfin, c’est parce qu’on gêne qu’on nous a emmerdés dans le combat Delhaize. Rien que ça, ça veut dire qu’on est efficaces.
MU : Je n’ai jamais entendu un travailleur dire qu’il n’avait pas besoin de l’augmentation salariale négociée par le syndicat. Les travailleurs reconnaissent notre expertise dans la défense et l’élargissement de leurs droits. Aujourd’hui, comme hier. Ce n’est pas parce que nous avons déjà une longue histoire que nous sommes dépassés. À l’heure de Spotify et du streaming, les disques vinyles continuent à attirer !
TB: Il existe de nombreuses études qui démontrent l’importance des syndicats aux yeux de la population. Qui se rend bien compte de l’intérêt d’avoir un syndicat interprofessionnel capable de défendre le pouvoir d’achat des travailleurs, des allocataires sociaux, des pensionnés, et de faire en sorte de ne jamais mettre en concurrence les uns par rapport aux autres.
MU: Les travailleurs changent d’emploi et de secteur beaucoup plus souvent qu’auparavant. Une approche globale de syndicats interprofessionnels est donc nécessaire. De nouveaux défis doivent également être relevés dans tous les secteurs : l’intelligence artificielle, son contrôle démocratique, l’apprentissage et la formation tout au long de la vie… Depuis le début de cette année, chaque travailleur occupé à temps plein doit bénéficier d’au moins cinq jours de formation par an, pendant cinq ans. Le syndicat sera nécessaire pour faire respecter ce droit. Et ce n’est qu’un exemple. Pendant la crise Covid, les syndicats ont été des acteurs essentiels, tant pour assurer la sécurité sur le lieu de travail que pour soutenir les personnes qui ont perdu leur emploi.
La campagne parle également de « démasquer l’extrême droite ». En quoi, et surtout comment ?
TB : Pour démasquer l’extrême droite, il faut rappeler ce qu’on a déjà dit… sur les droits sociaux, économiques. Quand l’extrême droite prétend défendre le salaire minimum, en réalité, au niveau européen, elle vote contre !
Nous sommes un syndicat interprofessionnel. Bien entendu, on défend les conditions de travail, le pouvoir d’achat, mais aussi un projet de société. D’égalité entre toutes et tous. Quand l’extrême droite est au pouvoir, les droits des femmes diminuent. Les femmes, la moitié de l’humanité, sont les premières victimes de l’extrême droite. C’est un message très, très important à faire passer.
MU : Les masques doivent tomber. Il faut donner des exemples concrets. Balayer les chimères. Pensons à Farage au Royaume Uni. Il a fait croire aux citoyens que la sortie de l’UE leur rapporterait une manne financière qui serait réinvestie dans leur propre système de santé national. Que s’est-il passé après le Brexit ? La fameuse manne n’est jamais arrivée et Farage a arrêté. C’est ce qui s’appelle jeter de la poudre aux yeux et mentir aux gens. Nous n’avons rien à gagner des politiciens qui mettent les citoyens dans des cases. La population veut des droits et des opportunités. Des certitudes quant à l’avenir. Et c’est précisément sur ces points que nous devons continuer à travailler.
Tout-à-fait d’accord avec vous en 50 ans notre pouvoir d’achat à été divisé par deux 1250er net en 1980 et maintenant voiture x3 loyer x3 ext les riches nous renvoie 80 ans en arrière ils faut mettre un plafond à les bénéfices qui est 2 à 3 fois trop élevé c’est comme une révolution qu ils nous faut mener bien à vous jc
Il faut obligatoirement obliger les jeunes chômeurs à suivre une formation ou on ne les paye pas le chômage et arrêter de dire que l’on va faire venir des gens d autres pays faut pas longtemps pour apprendre à conduire un camion ou un bus n y être maçon couvreur et beaucoup d autres métiers le gouvernement doit prendre des responsabilités bien sûr un viste médical est nécessaire pour voir la capacité à faire un métier ils doivent être courageux et pas fainéant quelques coups de pied au cu n’a jamais fait de mal que du contraire et pour les jeunes comme pour les riches soyons courageux relever la tête bien à vous jc
J’aimerais savoir quel parti ^laide pour la fin du statut de cohabitant et s’ils passent le supprimerons t’elle vraiment?