Solidarité internationale : s’écouter, se parler, se soutenir

Solidarité internationale : s’écouter, se parler, se soutenir

Travail des enfants, manque de protection sociale, menaces envers les syndicalistes… Dans le cadre d’un séminaire organisé par l’ONG Solsoc, des délégations syndicales de Colombie, Bolivie, Burkina Faso et Burundi se sont rendues dans plusieurs régionales de la FGTB Horval. Elles ont témoigné des réalités dans leurs pays respectifs et échangé avec les délégués autour des combats syndicaux. Retour sur une semaine riche en rencontres et partages.

Vendredi matin pluvieux à La Louvière. Une délégation de 8 personnes venues de 4 pays différents arrive à la section régionale FGTB du Centre. Dans la salle, une trentaine de délégués Horval les attendent. Les partenaires s’installent et prennent la parole tour à tour pour expliquer les combats syndicaux dans leurs pays respectifs.

La lutte contre le travail des enfants

Le premier à s’exprimer est Brahima Rabo, président de l’UCRB (Union des conducteurs routiers du Burkina Faso). Le silence se fait immédiatement car il aborde un sujet lourd : celui du travail des enfants. « La place des enfants est à l’école, pas dans les champs. Nous récupérons de nombreux enfants à la frontière avec la Côte d’Ivoire. Ils partent là-bas pour travailler dans les champs de cacao. Parfois sans prévenir leurs parents, parfois parce que ces derniers les ont forcé. Avec l’association burkinabée ATY et Horval, nous œuvrons contre ce fléau. Notamment en formant les jeunes pour qu’ils deviennent autonomes et n’aient plus envie de partir ».

Des réalités sociales différentes

Après cette première intervention, les délégués Horval se rendent bien compte que le quotidien des travailleurs et syndicalistes de ces quatre pays est bien différent du leur.

Léandre de la FEBUTRA (union des syndicats du secteur alimentaire au Burundi) explique le contexte politique dans son pays dirigé par des militaires : « On essaye autant que l’on peut de porter des revendications au gouvernement. Nous avons mis en place un service juridique pour assurer la défense des travailleurs, une mutualité pour une meilleure santé. Mais les travailleurs sont très mal payés. Et les patrons jouent là-dessus en leur proposant des avantages plutôt que de réels droits ».

Autre exemple : le travail informel en Bolivie. « 82% des travailleurs sont des travailleurs informels », intervient Juan Carlos, syndicaliste. Le modèle social est totalement différent de celui que nous connaissons en Europe. En Bolivie et en Colombie par exemple, la pandémie de la Covid-19 a aussi frappé le secteur de l’Horeca. Mais contrairement à la Belgique, il n’existe pas d’allocation chômage, pas de protection sociale pour soutenir les travailleurs qui se retrouvent… à la rue.

Libertés syndicales en danger partout

La menace qui pèse sur les libertés syndicales est au cœur de l’actualité belge avec le projet de loi « anti casseurs » de l’ancien ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne. Notre liberté d’expression est en danger. Mais là aussi nous sommes loin de vivre la même situation que connaissent les partenaires d’Horval dans leurs pays.

Juliana Millan, directrice politique de l’ONG colombienne ATI prend l’exemple de Giovanni, coupeur de canne à sucre en Colombie : « Un jour, pendant qu’il travaillait dans les champs, il est tombé. Sa colonne n’a pas résisté. L’entreprise n’a rien fait. Ce sont les travailleurs eux-mêmes qui ont sorti Giovanni des champs. Lorsqu’il a voulu parler de sa situation, il a été menacé par des hommes armés ». En Colombie, les organisations défendant les droits humains et syndicaux sont régulièrement menacées de mort. Être syndicaliste se fait au péril de sa propre vie.

La liberté d’action et d’expression sont des instruments de changement social. Et ça, les délégués Horval l’ont bien compris en écoutant les différentes délégations : « La liberté d’expression est un facteur majeur dans les avancées syndicales. Si nos camarades bénéficiaient de ce droit ils pourraient aller vachement plus loin », réagit Jonathan. « Ils ont peu de liberté d’action chez eux, nous on a la chance de pouvoir aller voir les politiques et faire entendre nos revendications. », explique Constant.


« Pour moi le monde syndical c’est le partage d’expériences, d’activités, de savoir-faire. C’est ça qui fait de nous des syndicalistes. »

— Brahima Rabo, président de l’UCRB

Relayer, c’est protéger

Avant La Louvière, les différentes délégations se sont rendues dans les sections de Liège, de Wallonie Picarde à Tournai, de Namur-Luxembourg pour un ciné-débat sur les libertés syndicales. A chaque déplacement, les délégués Horval les ont accueilli et écouté avec intérêt. Cet échange entre camarades belges et internationaux est plus que nécessaire pour apprendre de chacun. Pour connaitre les réalités syndicales internationales. Mais pas seulement.

Ces rencontres sont aussi « une fenêtre en Europe pour montrer les problématiques de notre pays », explique Abel Rivera Trujillo du syndicat colombien SINALTRAINAL. La diffusion de la situation des partenaires est en effet le plus grand soutien à leur donner. C’est par ces mots adressés aux délégués Horval que le co-président de la Centrale, Tangui Cornu, a tenu à clôturer cette visite : « Une fois que l’on met un projecteur sur quelqu’un il n’est plus anonyme. S’il n’est plus anonyme on peut plus difficilement le toucher. Relayer leurs situations, c’est la meilleure protection à leur apporter ».

Caroline Haine
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