Dis, c’est quoi, l’antifascisme ?

Dis, c’est quoi, l’antifascisme ?

L’édition de mai-juin de votre magazine porte sur l’antifascisme, la lutte contre l’extrême droite. Une lutte essentielle, au cœur du combat syndical. Une lutte qui peut prendre différentes formes, qui dispose de nombreux modes d’action.

Car en fait, c’est quoi, l’antifascisme ? Julien Dohet, dans son récent ouvrage, répond à cette question. Il le fait d’une manière limpide, pédagogique et accessible à tout public. Sous la forme d’une interview – avec Chloé Delabbé, jeune diplômée en sciences du travail et aujourd’hui permanente Jeunes FGTB Verviers –  l’historien, auteur et syndicaliste spécialiste de la lutte contre l’extrême droite retrace l’histoire de l’antifascisme, de ses origines à nos jours, et détaille les multiples facettes de son action.

Le tout est préfacé par Jean Faniel, directeur du CRISP. Qui indique ceci: « Les ouvrages concernant l’antifascisme et, plus largement, la lutte contre l’extrême droite sont bien plus rares que les nombreuses recherches portant sur cette famille politique ou même que l’abondante littérature d’extrême droite elle-même. »

Des punk ou des blacks blocs?

Le quatrième de couverture donne le ton. « Quand on parle d’antifascisme, viennent soit l’évocation de chansons de groupe de punk ou de rap, soit plus souvent les images de personnes cagoulées, violentes, assimilées aux Black Blocs. (…) L’antifascisme peut-il se résumer à cette caricature ou est-il bien plus diversifié dans ses modes d’actions comme dans ses militant·es? N’est-il que le fait d’anarchistes résidant dans des squats ou est-il bien plus large, intégrant des organisations très institutionnalisées à l’image des syndicats? »

Mouvement polymorphe, peu étudié, l’antifascisme – ou la lutte contre l’extrême droite, bien que plusieurs définitions existent – se veut « une autodéfense populaire, afin de se protéger de manière collective contre tous les aspects du fascisme, qu’il soit culturel ou institutionnel ». Il porte et promeut également – et c’est essentiel – des alternatives solidaires, un vrai projet de société.

Julien Dohet répond de manière très transparente aux questions de Chloé Delabbé, notamment quand celle-ci aborde la question de « l’image » des antifascistes, ou plutôt des images parfois violentes du mouvement, celles qui reviennent régulièrement dans les médias. Si l’action directe est assumée, elle n’est pas la clé de voûte du travail antifasciste. « Il est vraiment essentiel de le dire. Le recours à la violence par les antifascistes n’est jamais un objectif en soi. Elle se fait dans le cadre précis d’une autodéfense, éventuellement préventive, contre une forme politique qui, elle, cultive la violence jusqu’au meurtre de « l’autre ». L’extrême droite prône l’utilisation de la violence et en fait une de ses raisons d’être. »

Autrement dit, l’action directe n’est absolument pas le seul moyen d’action des mouvements antifascistes, loin s’en faut. « Ce n’est même pas le principal. Une grosse partie du travail antifasciste est de l’ordre du renseignement et de l’information. » Connaître l’extrême droite, ses visages, son discours. Décrypter, réfuter. Informer le grand public par des films, des conférences, des ouvrages. Le travail antifasciste, c’est aussi et surtout tout cela.

Une histoire centenaire

L’ouvrage s’intéresse également à toutes les étapes de la construction de l’antifascisme. De sa naissance, il y a un peu plus d’un siècle, en 1921… Le mouvement naît en Italie en réaction au fascisme de Mussolini. À son évolution en résistance antinazie pendant la seconde guerre mondiale. La victoire de cette Résistance mènera à une conception erronée : celle que le fascisme a disparu en 1945. « Les anciens Résistants maintiennent cependant la vigilance ainsi que la mémoire. Ce sont eux qui vont incarner l’antifascisme dans les premières années (après la guerre, NDLR). », écrit Julien Dohet.

Culture, musique, sport

Le livre évoque ensuite les formes plus récentes de la résistance face à l’extrême droite. Ses influences dans les cultures populaires :  de la culture punk anglaise à l’opposition – notamment musicale –  au FN en France, en passant par l’antifascisme dans les stades de foot.

Il en détaille les symboles, du triangle rouge au double drapeau – à l’origine noir (anarchiste, autonome, libertaire) et rouge (communiste, socialiste, trotskiste…) mais qui peut prendre des couleurs diverses en fonction des sensibilités. « Il n’est pas rare qu’un des drapeaux soit mauve, quand il s’agit d’un groupe antifasciste féministe. »

Retrouvez dans l’article ci-dessus l’origine du fameux Triangle rouge.

Mouvement hétérogène, international, constitué des différentes facettes de la gauche (voire plus), l’antifascisme repose sur un volet éducatif omniprésent, ainsi que sur une autodéfense active, nécessaire face à une extrême droite toujours plus violente. Mais, surtout, il porte un véritable projet de société. Car la lutte contre l’extrême droite vient avec une vision plus large. « C’est pourquoi, au sein de ce livre, nous avons tenté d’expliquer les aspects concrets de la lutte pour les plus faibles contre l’instauration de la barbarie, via la poursuite d’un modèle de société plus juste, horizontal, et solidaire. »

Dis c’est quoi l’antifascisme ?
Julien Dohet
Renaissance du Livre, 2022

Julien Dohet est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le thème de la lutte contre l’extrême droite. Il participe également à des débats et ateliers autour de cette thématique, pour tous les publics. Pour le contacter : jdohet@setca-fgtb.be

Aurélie Vandecasteele
Rédactrice en chef, Syndicats Magazine, FGTB | Plus de publications

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