Le 28 avril, c’est la journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail. L’OIT, l’Organisation internationale du Travail, fait le focus cette année sur « un environnement de travail sûr et sain ». Une priorité incluse depuis l’an dernier dans le cadre des principes et droits fondamentaux au travail. Et qui résonne particulièrement, dix ans après la catastrophe du Rana Plaza.
Vous êtes intéressé par la thématique?
Suivez le live de l’OIT sur la question, ce 28 avril, de 13h30 à 15h.
Le dialogue mondial de la Journée internationale de la sécurité et de la santé au travail 2023 examinera comment mettre en œuvre un environnement de travail sûr et salubre en tant que principe fondamental et droit du travail.
Où en est-on?
Il y a dix ans, le Rana Plaza, immeuble de huit étages, s’effondrait sur des milliers de couturières et couturiers à Dacca au Bangladesh. La catastrophe coûtait la vie à 1138 personnes et en blessait plus de 2000. L’on commémorait récemment les 10 ans du drame. Mais aujourd’hui, où en est-on?
L’OIT indique que beaucoup de choses ont changé au Bangladesh, notamment en matière de sécurité des bâtiments et des postes de travail. Mais des défis restent néanmoins à relever. Le Bangladesh est le deuxième exportateur mondial de vêtements, après la Chine. Le pays compte environ 4 millions de travailleurs de l’habillement, dont plus de 60% sont des femmes, souvent issues de milieux ruraux.
Depuis 2013, d’importants travaux ont permis d’améliorer l’environnement de travail dans le secteur textile. « Après la catastrophe du Rana Plaza, la priorité a été de s’assurer qu’aucune autre usine de vêtements n’était exposée à un risque d’effondrement similaire. » Mais si les progrès son réels dans le secteur de l’habillement, il n’en va pas de même pour les autres secteurs. L’OIT indique également qu’il est essentiel de poursuivre les efforts en matière de droit du travail, respect des droits syndicaux, et accès à la protection sociale.
Les enseignes de mode doivent s’engager
Si au Bangladesh, des avancées majeures en matière de sécurité des usines ont été obtenues en 10 années de mobilisations locales et internationales, nombreuses enseignes de mode refusent encore de signer l’Accord international, le programme de santé et de sécurité le plus efficace à ce jour pour améliorer les conditions de travail de centaines de milliers de travailleuses et travailleurs.
Plus généralement
Accidents de travail, mortels ou non, cancers professionnels, burn-outs et dépressions. Le travail fait mal, peut-être de plus en plus. Les nouvelles formes de travail, développées durant la crise covid, ont des répercussions sur la santé et la sécurité. Sur la santé mentale, notamment. La crise climatique a des répercutions également sur la manière de travailler, partout dans le monde. Sécheresses, vagues de chaleur, inondations, catastrophes naturelles pèsent lourd sur de nombreux travailleurs.
Des politiques à améliorer
Constat: si les politiques d’améliorations de la santé et de la sécurité au travail sont indispensables, elles ne sont pas forcément suffisantes dans les faits. L’OIT indique ceci: « Ces situations (d’accidents de travail et maladies professionnelles, NDLR) causent d’immenses souffrances aux travailleurs et à leurs familles, mais engendrent aussi des coûts économiques colossaux pour les entreprises, les pays et le monde entier. Des politiques et des programmes de santé et sécurité au travail complets et efficaces peuvent protéger les travailleurs dans toutes les régions et tous les secteurs. Néanmoins, dans la pratique, ces éléments ne sont pas pleinement mis en œuvre.«
A l’échelle du monde, les disparités en la matière sont importantes. « La région Europe et Asie centrale affiche le pourcentage le plus élevé d’États Membres dotés de politiques nationales de santé et sécurité au travail et de programmes à jour. Elles étaient les plus susceptibles de communiquer des données à l’OIT sur les accidents du travail et les maladies professionnelles. » La situation dans les pays africains et arables est moins favorable aux travailleurs.
La décision d’ajouter la notion de « milieu de travail sûr et salubre » aux principes et droits fondamentaux au travail met en évidence l’engagement des pays partenaires à protéger les travailleurs et travailleuses. « C’est un point de départ important et une base solide pour d’autres actions. »