Les femmes, actrices majeures des luttes sociales d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Le magazine Syndicats souhaite leur rendre hommage et leur dédie une nouvelle rubrique. Tous les mois nous présenterons une militante de la FGTB : son histoire, ses luttes, ses craintes, ses aspirations.
Aujourd’hui, c’est au tour d’Annelies De Bakker, âgée de 29 ans, et toute nouvelle déléguée chez le constructeur de bus Van Hool à Koningshooikt. Son mandat n’a que quelques mois, mais elle est impatiente de se lancer dans l’aventure syndicale.
« Les gens viennent facilement vers moi »
« Cela fait maintenant trois ans et demi que je travaille chez Van Hool. Je fabrique des armoires électriques pour les bus. Avant ça, je travaillais en cuisine chez un traiteur. J’ai d’abord fait des études de pharmaceutique. Mais ce n’était pas fait pour moi. C’était aussi très difficile. Ensuite, j’ai commencé à étudier la psychologie, mais j’ai arrêté, en raison de circonstances diverses. Mais grâce à ces deux expériences, j’ai appris des choses qui me seront utiles plus tard dans ma carrière. Être à l’écoute, c’est indispensable pour une déléguée ».
Chez Van Hool, très vite, des collègues sont venus lui demander si elle serait intéressée par une expérience en tant déléguée. « Je crois que mes collègues ont vite compris que j’étais assez accessible. Les gens viennent facilement vers moi. Il en est ainsi dans ma vie privée. Et sur le lieu de travail, c’est pareil. »
De père en fille
Annelies vient d’une famille de syndicalistes. « Je savais chanter l’internationale avant d’avoir six ans (rires). Mon père était délégué du comité d’entreprise de Van Hool. Autour de la table, à la maison, les questions syndicales revenaient régulièrement. »
« Je me souviens d’une grande grève. Ça devait être il y a environ 12 ans. Ils avaient fermé les portes, personne ne pouvait entrer dans l’usine. Je ne me souviens pas exactement pourquoi ils faisaient grève, mais c’était vraiment très impressionnant pour l’adolescente que j’étais, de voir mon père défendre les travailleurs. Cela a, sans aucun doute, allumé chez moi la flamme syndicale. »
« J’ai toujours eu envie de m’impliquer, d’aider les gens. À Berlaar, où j’habitais, j’ai également géré un centre de jeunesse. »
Annelies
Le coronavirus a freiné l’activité
En 2020, chez Van Hool, les élections sociales ont été annulées. En cause : le coronavirus. Les mandats ont été renouvelés et le protocole de l’entreprise a permis aux syndicats de remplir les mandats vacants. Annelies a saisi l’opportunité et s’est présentée.
La crise sanitaire a cependant mis un frein à beaucoup de choses. « Chez Van Hool, nous fabriquons des bus. Dès le début de la pandémie, la production a complètement cessé. Les carnets de commande de bus étaient vides. Plus personne ne partait en vacances.»
« L’entreprise a immédiatement fermé ses portes. Après quelques semaines, certains membres du personnel sont venus sur place adapter les infrastructures pour que les travailleurs puissent travailler en toute sécurité. Nous avons été mis au chômage temporaire pendant plus d’un an. Seul le département des véhicules industriels (semi-remorques, camions-citernes, etc.) a continué à fonctionner, car la demande ne s’est pas complètement effondrée. »
« Nous sommes à peine allés travailler pendant la période corona. Cela a été difficile pour les délégués de maintenir le contact avec leurs collègues. Ils sont passés à la communication numérique, et cela est resté ainsi, même après la crise. Personnellement, je le vois comme un complément aux contacts dans l’entreprise. »
Bien-être au travail
Annelies travaille actuellement sur des dossiers pour le Comité pour la prévention et la protection au travail. « Le mois prochain, nous allons mener une enquête sur le bien-être, notamment sur les risques psychosociaux. Cela s’est aggravé avec la crise sanitaire. Nous pouvons travailler sur des solutions à court terme, des choses que les gens remarqueront directement dans les ateliers. Le télétravail sera également abordé. Je sens que le personnel a de grandes attentes à ce sujet.»
L’énergie, premier sujet de conversation
« Les prix de l’énergie explosent. De nombreuses personnes ne savent pas comment elles vont pouvoir joindre les deux bouts. Elles vivent désormais dans la peur. Les travailleurs s’interrogent sur le tarif social. Peuvent-ils y prétendre ? Il y a des parents célibataires parmi nos collègues. C’est très difficile pour eux. À cela s’ajoute le chômage temporaire partiel ou complet… Les gens ne savent jamais vraiment quand et pendant combien de temps ils travailleront dans les semaines qui viennent. Cette incertitude entraîne une grande pression psychologique. »
Van Hool est une entreprise particulièrement gourmande en énergie. La crise du coronavirus l’a déjà fortement impactée. La crise énergétique en rajoute une couche. « Van Hool fait heureusement de plus en plus d’efforts en faveur de la transition énergétique, notamment en utilisant les piles à combustible, etc. Nous fabriquons beaucoup de bus électriques, entre autres pour les transports publics. Nous avons récemment remporté une commande auprès de la société de transport public flamande. Je pense que les entreprises publiques pourraient faire preuve d’un peu plus de chauvinisme et se concentrer davantage sur l’achat local. »
Formation
Annelies est prête à gagner ses galons en tant que déléguée. « Pour le moment, je suis toujours en formation à l’ABVV-Metaal. C’est très chouette et instructif. Les histoires partagées par d’autres délégués sont inestimables. Des liens sont créés pour la vie. »