Le télétravail est devenu permanent ou presque pour bon nombre de Belges. Si le système peut avoir ses avantages, il présente aussi des pièges, et pas des moindres. Difficulté à se déconnecter du travail, messagerie omniprésente, le travail s’immisce dans la vie privée, et le domicile devient « le travail ». La durée prolongée de la crise, l’absence de perspectives claires et le manque de contacts avec les collègues peuvent être lourds à porter.
Je télétravaille, ainsi que ma compagne, dans un petit appartement sans bureau. Je rencontre des soucis de santé directement liés à la mauvaise infrastructure de travail (hernie discale cervicale) ce qui donne lieu à des difficultés de sommeil, d’humeur, etc. Fort heureusement la relation avec ma compagne se passe bien et ce, malgré un moral fluctuant.
J’ai pris le parti de garder un rythme de travail « comme au bureau », début 8h00, fin 16h30, cette « rigidité » m’aide à me structurer et ne pas déborder. J’ai cependant l’impression d’avoir une charge mentale professionnelle plus importante, probablement par un manque de différenciation lieu de travail/lieu de vie.
Ma compagne a en revanche plus de mal avec ces limites et dépasse ses heures régulièrement, reste trop connectée (elle lit ses mails le soir, le week-end. etc., a des coups de fils et contacts par messagerie n’importe quand…). Je tente de la retenir, sans quoi cela pourrait devenir un problème.
Eric, employé et délégué
L’importance de structurer son emploi du temps
Le témoignage qui précède le prouve: le télétravail peut aisément bouleverser les horaires de travail, l’emploi du temps et l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. En 2020, Cohezio, service externe de prévention et de protection au travail, publiait une série de conseils utiles, pour garder la tête hors de l’eau et préserver sa santé mentale en période de télétravail prolongée. Des « trucs et astuces » toujours valables aujourd’hui.
Il est important, même à domicile, d’établir un emploi du temps clair. Des périodes de travail et de détente doivent être clairement définies. L’idée est de conserver une structure « habituelle » ! On se lève, on s’habille, on mange, et on se « rend sur son lieu de travail ». Idéalement – et si c’est possible – aménagez-vous un espace réservé au travail, voire même une pièce où vous isoler. Chaque jour, rangez votre espace de travail après vos heures, éteignez votre ordinateur. Enfin, établissez des règles claires avec votre supérieur et vos collègues : quand êtes-vous joignable, à quelle heure commencez-vous et terminez-vous votre journée de travail, votre horaire de travail est-il flexible et dans quelle mesure?
Conservez les contacts sociaux
S’il est essentiel de limiter les contacts physiques en cette période, il faut néanmoins garder le contact avec les collègues ! Si les réunions virtuelles ou les coups de fil sont certainement moins sympathiques que les rencontres réelles, ils sont nécessaires pour garder le lien, se tenir au courant, et maintenir la motivation au travail. De nombreux travailleurs souffrent en effet d’un sentiment d’isolement lié au télétravail prolongé. N’hésitez pas à prendre des nouvelles de vos collègues !
Un impact sur la solidarité
La FGTB de Liège publiait récemment le nouvelle épisode de sa série « On en a gros ». Le thème? La difficulté de défendre ses droits quand on travaille de chez soi… Dans la vidéo, on aborde avec humour le cas d’une travailleuse qui jongle entre télétravail, santé, vie familiale, charge mentale, pressions de son entreprise… et la difficulté de faire grève seule !
Lire aussi : Télétravail : stop ou encore ?
Le télétravail a des conséquences sur la santé mentale… Quand on ne peut pas créer un espace de travail chez soi, la table de salle à manger devient un bureau, cela devient envahissant. Je suis plus connectée qu’avant, car mon métier d’animatrice socioculturelle est avant tout un travail de rencontres… Depuis le début de la crise sanitaire, tout est passé en virtuel. Toutefois, je preste mon horaire habituel, pour bien cloisonner mon travail et ma vie privée.
Sabrina, animatrice et déléguée
En tant que délégués, nous sommes le relais pour rendre compte des difficultés rencontrées par nos collègues et essayer améliorer les conditions de travail au sein du CPPT.
Déconnectez !
Internet et la « sur-connexion » peuvent mener un sentiment profond d’angoisse. Les informations sont nombreuses, inquiétantes, parfois contradictoires. Lorsqu’on est en télétravail, l’œil rivé sur l’écran d’ordinateur, l’autre sur le téléphone, l’on est en contact permanent avec de nombreuses sources d’info. Il est important de contrôler cela. Comment? En se limitant aux informations essentielles. Par exemple, en consultant les sites d’information et les médias sociaux quelques fois par jour, à des moments fixes, pour ne pas se laisser envahir.
Activité & sommeil
Là encore, déconnectez ! Reposez-vous suffisamment (8 heures par nuit en moyenne)! Le télétravail permet de gagner du temps de transport, qui peut être mis à profit pour de l’activité physique. D’autant que le télétravail génère son lot de troubles musculosquelettiques, de par la position de travail pas toujours adaptée.
La convention collective de travail n°149 du 26 janvier 2021 concernant le télétravail recommandé ou obligatoire en raison de la crise du coronavirus avait été conclue à durée déterminée. Récemment, la durée de validité de la CCT 149 a été prolongée de trois mois jusqu’au 31 mars 2022.