24/7. 24h/24, 7 jours sur 7. Le travail de nuit et en équipes permet à certaines entreprises de tourner en permanence. C’est pourquoi le 24 juillet est devenu la journée de ces travailleurs et travailleuses aux horaires atypiques, qui organisent différemment leur vie, leur quotidien, leur temps de repos.
Un impact sur la vie sociale et familiale
Cette année, le focus est mis sur les troubles du sommeil. Une enquête réalisée en collaboration avec l’Université de Leuven, auprès de 5480 travailleurs et travailleuses concernés, indique que l’impact des horaires de travail atypiques sur le bien-être est lourd. Ainsi, 67 % des répondants estiment que leur rythme de sommeil n’est pas bon. 65 % affirment que ceci a un impact négatif sur leur vie sociale et familiale. Enfin, 69 % affirment que le travail a un impact négatif sur le rythme de sommeil.
« La vie familiale est inévitablement impactée », confirme Roberto, travailleur de nuit. « Quand on rentre à la maison après avoir travaillé de nuit, on est en décalage avec le reste de la famille, on est irrité, on ressent un mal-être. On se couche alors vers 6-7h et à 11h on est debout… sans se sentir reposé.«
Ali, ancien délégué, ne dit pas autre chose. Le travail en équipes lui a valu nombre de soucis familiaux. « C’est clairement lié à ce type d’organisation. Toutes les activités récréatives sont systématiquement reportées aux jours de congé et dès qu’on a ces fameux jours, on est tellement crevé qu’on n’a plus la force de passer du temps avec sa famille. Le pire, c’est que 3 jours avant de reprendre le travail, on est déjà en train de se préparer psychologiquement. »
Très concerné: le secteur de la chimie
En raison des processus de production continus, le travail de nuit dans l’industrie chimique est nettement supérieur (21,3%) à la moyenne. En outre, le gouvernement encourage le travail de nuit en octroyant des avantages fiscaux. « Grâce à des calculs, nous pouvons démontrer avec certitude que le travail de nuit et en équipes peut coûter moins cher que le travail de jour », indique la FGTB Chimie. « Vu l’avantage fiscal, des entreprises ont recours au travail de nuit et en équipes. » Occultant le fait que travail de nuit et en équipes est nocif pour la santé des travailleurs.
Des études démontrent en effet que les travailleurs de nuit et en équipes, outre une vie sociale et familiale perturbée et des troubles du sommeil, souffrent de problèmes cardiovasculaires, présentent un risque accru de cancer et de vieillissement précoce, sont moins vigilants au travail (risque accru d’accident)… Dans un autre registre, ils ont un accès moins aisé à la formation professionnelle, etc.
Quelles solutions
« Pour certains métiers ou activités bien déterminés, pourtant, le travail de nuit et en équipes est nécessaire. Pensons à des opérations chimiques qui peuvent très difficilement ou absolument pas être interrompues, aux hôpitaux, aux établissements de soins ou de repos, aux services de sécurité, etc. », poursuit la FGTB Chimie dans sa brochure.
Dès lors que faire? Tout d’abord, analyser les risques, prendre des mesures préventives, « humaniser » le travail, adapter le temps de travail… La FGTB évoque plusieurs solutions: une réduction du temps de travail, une adaptation des horaires de début et de fin d’équipes. Limiter, par ailleurs, le nombre de « nuits » travaillées, disposer de suffisamment de travailleurs dans les équipes, et ne pas impacter financièrement celles et ceux qui se dirigent vers les équipes de jour.
Enfin, une possibilité d’arrêter à 60 ans pourrait venir soulager ces travailleurs et travailleuses. Claus, travailleur dans la chimie, indique en effet que ce type d’horaire impacte davantage encore les personnes en fin de carrière. « A partir de 50 ans, la situation commence à se dégrader : les troubles gastro-intestinaux sont très fréquents par exemple. Le fait de devoir manger à d’autres moments pose problème et cela s’aggrave en vieillissant. »
- Lire aussi: la brochure éditée par la FGTB Chimie