Le non-marchand dans la rue en masse : « Ça suffit ! » (+ podcast)

Le non-marchand dans la rue en masse : « Ça suffit ! » (+ podcast)

Le jeudi 22 mai, plus de 30 000 personnes ont manifesté dans les rues de Bruxelles. Leur revendication : plus d’investissements, humains et financiers, dans les secteurs des soins et du socioculturel. Avec les nouvelles mesures du gouvernement, une véritable bombe est sur le point d’exploser pour les CPAS, les crèches, les ONG, l’ensemble du secteur non-marchand. Les travailleuses et travailleurs tracent une ligne rouge : ça suffit !

Un employeur humain, pour un secteur humain

Jeroen Demuynck, délégué CGSP en Flandre orientale, a marché aux côtés des travailleurs et travailleuses des crèches et des CPAS. Il dénonce une pression insupportable. « Dans les crèches, un accompagnant pour quinze enfants, c’est monnaie courante. C’est invivable ! », affirme-t-il.

Le secteur des CPAS est lui aussi au bord de l’implosion. Avec la limitation des allocations de chômage à deux ans à partir de 2026, une vague massive de nouvelles demandes est attendue. « Chaque demande implique une enquête sur les ressources financières du ménage, mais nous manquons déjà cruellement de personnel et de moyens. » Il ajoute : « Nous demandons que le gouvernement suive l’avis de la VVSG (L’Association des Villes et Communes Flamandes) et augmente le budget par dossier à 1 500 euros ».

Outre les moyens financiers, les travailleuses et travailleurs réclament plus de reconnaissance de la part de leur hiérarchie. « Les années d’austérité ont mis à mal le dialogue social. Ce secteur profondément humain, où les travailleuses et travailleurs s’investissent corps et âme, mérite un employeur à visage humain ».


« Ce secteur profondément humain, où les travailleuses et travailleurs s’investissent corps et âme, mérite un employeur à visage humain »

— Jeroen Demuynck, délégué CGSP

« La charge de travail rend les gens malades »

Françoise Vermeersch, permanente pour le secteur non-marchand au SETCa Bruxelles-Hal-Vilvorde, pointe un problème structurel : le sous-financement chronique et l’absence de concertation avec les gouvernements.

« Toutes les x années, nous sommes censés négocier de meilleurs salaires et conditions de travail et une amélioration de la qualité des services. Aujourd’hui, il n’y a plus d’espace pour cela ».

Françoise vermeersch, permamente secteur non-marchand au SETCa Bhv

Elle insiste également sur l’augmentation de la pression dans les ONG : « Ce sont des gens très engagés, souvent animés par un idéal fort. Mais cela les pousse à dépasser leurs limites. On observe une augmentation inquiétante des burn-out. La charge de travail rend les gens malades. »


Et ce n’est pas tout : certaines ONG subissent également les répercussions des coupes budgétaires imposées par Donald Trump dans la coopération au développement. « Avec l’arrêt du financement de l’USAID, l’agence américaine de développement, certaines ONG doivent revoir leurs budgets chaque semaine. C’est leur existence même qui est en jeu. »

Travailler plus, pour moins

Mustapha Bosry, délégué Centrale Générale chez ENTRA – entreprise de travail adapté qui emploie 900 personnes – dénonce également une pression insoutenable : « Nous devons faire face à des cadences de travail infernales, nous disposons de matériel vétuste et inadéquat et la communication avec les responsables est difficile. Même les pauses ne sont pas respectées ».

Il fustige aussi la suppression des prépensions qui permettaient à certains d’arrêter de travailler avant l’âge légal de la pension (67 ans). Une mesure particulièrement difficile à accepter pour les personnes en situation de handicap : « Ils veulent nous faire travailler plus longtemps, pour un salaire moins élevé et une pension moins intéressante. C’est une catastrophe ! Le gouvernement veut aussi s’attaquer aux malades de longue durée. Ca va être une hécatombe chez nous, parce que nous en avons beaucoup ».


« Ils veulent nous faire travailler plus longtemps, pour un salaire moins élevé et une pensions moins intéressante. C’est une catastrophe ! »

— Mustapha Bosry, délégué CG chez ENTRA

Des solutions structurelles

La manifestation du 22 mai n’est pas la première du secteur. Déjà en novembre 2024, 32 000 travailleurs et travailleuses du secteur social étaient descendus dans la rue. Les besoins sont criants : la pénurie de personnel, le manque structurel de moyens et la pression au travail.

Et cela dépasse largement le secteur. C’est pourquoi une nouvelle journée d’action en front commun est prévue le 25 juin. Les syndicats invitent la société civile dans son ensemble à les rejoindre à Bruxelles. Plus d’infos ici.


Découvrez aussi l’interview de Nathalie Lionnet, secrétaire fédérale SETCa pour le non-marchand, au micro de Yannick Bovy, dans Opinions FGTB.

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