Namur, mercredi 24 septembre, 9h. La Place de la station se remplit peu à peu de militantes et militants de la FGTB wallonne et de la CSC. Public, privé, non-marchand, sans emploi, jeunes ou pensionné·es, tous les secteurs et profils se mélangent. Une heure plus tard, la place est pleine : 10.000 personnes vont marcher pour l’emploi de qualité, contre les politiques destructrices de la majorité wallonne MR-Engagés.
« Un ministre ne devrait pas faire ça »
Suppression arbitraire de subsides, attaques contre les services publics, marchandisation de l’emploi, des crèches et maisons de repos, politique fiscale injuste… Parmi la foule, les raisons de la colère sont nombreuses et variées. L’inquiétude aussi.
Yasmine, qui défile sous la pancarte Moins de CLA, plus d’APE, s’inquiète des mesures annoncées par le ministre Jeholet pour les Aides à la Promotion de l’Emploi : « On a vraiment l’impression qu’il agit par esprit de vengeance : il veut à tout prix faire passer sa réforme, qu’on avait réussi à rejeter en 2019. Un ministre ne devrait pas faire ça. Pourquoi s’attaquer à un système efficace et si utile pour la population ? ». Les APE permettent en effet de subventionner 72.000 emplois dans des secteurs essentiels : crèches, hôpitaux, aide à domicile, centres sportifs et culturels, maisons de repos, écoles, communes, CPAS, jeunesse, éducation permanente… Aujourd’hui, 6 ans après avoir été contraint d’abandonner sa réforme suite aux mobilisations syndicales, le Ministre a annoncé un nouveau projet qui risque d’avoir des conséquences désastreuses sur l’emploi.
Un ministre ne devrait pas faire ça.
Yasmine, manifestante
Pourquoi s’attaquer à un système efficace et si utile pour la population ?
À 10h30, le cortège se met en marche au son des percussions. Direction le Parlement wallon, histoire d’y faire résonner les revendications pour un emploi durable et de qualité.
Ils sont où les 500 balles ?
C’est sous ce slogan que défile Jean, travailleur dans l’éducation permanente : « Avant les élections, ils avaient promis tout et son contraire, comme si l’exclusion des chômeurs allait tout régler. Aujourd’hui, on voit le résultat : on va juste virer des dizaines de milliers de personnes, sans aucune perspective. De l’exclusion sociale en masse et des CPAS et communes qui vont exploser. Les Engagés avaient promis une proposition d’emploi pour chaque exclu. Au final, ce sera juste… Rien ! Le gouvernement wallon n’a rien mis en place. Tout ce qu’il veut, c’est favoriser l’intérim et l’emploi précaire ».






11h30, arrivée au Parlement wallon. Quelques fumigènes rouges s’embrasent au-dessus d’une banderole Résistance syndicale. Sur le podium, c’est l’heure des discours. Christine Mahy, du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, avertit le monde politique : « S’ils continuent dans cette voie, ils vont engraisser les rapaces de la dette, les marchands de sommeil, les employeurs qui veulent engager au noir. Avec le travail précaire et des sans emploi exclus par dizaines de milliers, ce sont tous les salaires et conditions de travail qui seront tirés vers le bas ».

« S’ils continuent dans cette voie, ils vont engraisser les rapaces de la dette, les marchands de sommeil, les employeurs qui veulent engager au noir. »
— Christine Mahy, Réseau wallon de lutte contre la pauvreté
« Ne rien lâcher et se faire respecter »
Peu après, c’est Jean-François Tamellini, Secrétaire général de la FGTB wallonne qui conclut : « Les attaques sont dures, ils ont décidé de nous faire très mal. Au monde du travail, aux syndicats, aux mutuelles, au monde associatif, à l’éducation permanente, à tous ceux qu’ils considèrent comme des freins à la maximisation de leurs profits. À tous ceux qui dénoncent leurs mensonges et veulent reconstruire des équilibres. Alors, on ne peut rien lâcher : il faut les regarder en face, leur montrer qu’ils ne nous font pas peur et nous faire respecter ! ».
Il est 12h30, les manifestantes et manifestants reprennent peu à peu la route de la Gare. Mais pour Jean, cet aller-retour à Namur ne sera certainement pas le dernier : « On est venu pour réclamer des emplois de qualité. Mais j’ai des doutes sur leur capacité à entendre. Si le gouvernement wallon s’entête dans sa volonté de tout saquer, on reviendra. Plus nombreux… et plus déterminés ».
