Libertés syndicales menacées. Dans les bâtiments de Prefaco Lommel, les syndicats sont pris pour cible par la direction. Comportement agressif, heures impayées… Yannick Urbain, secrétaire de la Centrale Générale – FGTB Limbourg lève le voile sur les pratiques de l’entreprise.
À la fin de l’été dernier, Prefaco SA, une multinationale de l’industrie du béton, a fermé son site d’Houthalen, « ECHO ». Selon Yannick Urbain, c’est à partir de ce moment-là que la politique antisyndicale s’est déployée dans l’entreprise. « Je pense que la direction y a vu l’occasion d’essayer de faire taire les syndicats sur l’ensemble des autres sites. Surtout la FGTB. Depuis, elle s’attaque aux libertés syndicales des délégués qui osent faire entendre leur voix. »
Salaires impayés
Yannick se rend régulièrement sur différents sites de la région, pour faire le point. La procédure est claire: le délégué informe le directeur de l’usine locale à l’avance du passage de son secrétaire. C’est tout. C’est donc comme ça que cela se déroule, jusqu’à ce que la direction ne change les règles du jeu. « On nous a dit que la direction avait décidé de ne pas payer les délégués pour les heures où j’étais présent », témoigne Yannick.
Pas d’allocation
Depuis la fermeture d’ECHO Houthalen, Prefaco, et donc le groupe CRH auquel appartient cette dernière, a fait appel à un bureau de consultance. Bureau qui aiderait l’entreprise à rendre la vie difficile aux syndicats, et à leurs délégués. Preuve à l’appui, Yannick précise. « Ce bureau a donné une formation à la direction et au supérieur hiérarchique direct de l’usine. Depuis lors, ce dernier agit de manière très agressive. En cas de chômage temporaire, par exemple, les délégués collectent les cartes de chômage dans le cadre de la prestation de services pour nos membres. Les responsables leur ont arraché ces cartes des mains, si bien que les membres ont dû attendre des mois pour obtenir une allocation. »
Délégués attaqués
Que la direction tente de réduire les délégués au silence n’est pas un fait récent. Mais la façon dont les choses se sont déroulées ces derniers mois a changé. « La direction s’en prend à nos délégués, jusqu’à les rabaisser. Même lors de la concertation sociale au CPPT ou au CE. Les responsables veulent vraiment faire comprendre que le syndicat n’a rien à faire là. Que les délégués doivent juste faire leur travail. La CCT stipule que le délégué ne peut consacrer que trois heures par mois au travail syndical. Par ailleurs, ils véhiculent une mauvaise image de nos délégués auprès des travailleurs. En faisant circuler des propos comme: « Ils ne résolvent rien, pourquoi donc être affilié auprès d’un syndicat? » poursuit Yannick.
Conciliation
Yannick envisage une conciliation au niveau de la commission paritaire entre CRH et les syndicats. La tâche s’annonce difficile. « Nous avons déjà eu deux réunions entre-temps et une autre est prévue la semaine prochaine. Mais je ne m’attends pas à grand-chose, tout est constamment reporté. » En tout cas, Prefaco Lommel peut déjà compter sur le soutien de la FGTB Béton dans le Limbourg. « Si cela s’avère nécessaire, toutes les entreprises du secteur apporteront leur soutien, comme elles l’ont fait lors des difficultés rencontrées par l’entreprise Tripan.