Travailleurs saisonniers: un outil pour éviter les abus

Travailleurs saisonniers: un outil pour éviter les abus

Le travail saisonnier dans l’agriculture et l’horticulture concerne de nombreuses personnes issues de pays de l’Europe de l’Est. Des travailleurs et travailleuses venues de Pologne, Bulgarie ou Roumanie, qui viennent aider à récolter les légumes et les fruits, chez nous. Souvent, sans connaître leurs droits.

Méconnaissance de la langue, et des droits

En Belgique, chaque année, on compte environ 65.000 de ces travailleurs saisonniers, actifs dans l’agriculture et l’horticulture. Leur mission? Aider les entreprises locales à la récolte des fruits et légumes. En règle générale, ces personnes travaillent dans notre pays périodiquement et ne maîtrisent pas nos langues nationales. D’où une connaissance de leurs droits limitée. Des abus ont déjà eu lieu. Citons le cas des travailleurs non rémunérés à Bekkevoort en septembre dernier.

La FGTB Horval relate les faits. Une quarantaine d’ouvriers polonais et roumains ne recevaient pas de salaire, et vivaient dans des circonstances épouvantables, alors qu’ils étaient en poste saisonnier dans une entreprise horticole. « Ils travaillaient 10,5 heures par jour dans l’entreprise, mais ils n’étaient pas payés et ne recevaient pas l’indemnité promise pour acheter de la nourriture. Ils dormaient à douze dans une chambre. Certains n’avaient pas de lit et devaient dormir par terre ou dans un fauteuil. » Sans parler des conditions d’hygiène. « Lors de leur arrivée, ils ont dû chasser les rats de leurs chambres. Il y avait des fuites dans les toilettes et ils pouvaient seulement prendre des douches froides… Ils ne recevaient pas de repas, mais ils étaient autorisés à manger des pommes. »

Un outil pour aider à la traduction

Dans l’exemple précité comme dans d’autres, la barrière linguistique vient empêcher ou limiter la communication de ces travailleurs avec leurs collègues ou les syndicats. La méconnaissance de la langue, de la législation et même du pays peut faire peur, et inciter les victimes d’abus à garder le silence. Il est donc important de créer des outils pour faciliter la communication.

La FGTB Horval a collaboré avec l’EFFAT (la Fédération européenne des syndicats de l’alimentation, de l’agriculture et du tourisme) pour la création d’un outil de traduction à destination de ce public. Au menu: un site web d’information et une application en 8 langues, créés avec le soutien de l’Union européenne. Le 21 mars dernier, le projet a été présenté aux partenaires de l’EFFAT. Le site web est désormais en
ligne, et l’application est téléchargeable via Google Play et l’App Store d’Apple.

L’outil rassemble des informations sur les conditions de vie, de rémunération et de travail pour les travailleurs saisonniers qui veulent venir travailler en Belgique, aux Pays-Bas, en Autriche, en France, en Espagne, en Italie, au Danemark ou en Allemagne. Ces informations sont transmises en fiches de texte et par vidéos en polonais, roumain, bulgare et anglais.

Des conditions différentes

Une communication spécifique aux travailleurs saisonniers dans l’agriculture et l’horticulture est particulièrement nécessaire, puisque leurs conditions de travail diffèrent drastiquement de celles des travailleurs « réguliers ». Chacun d’entre eux reçoit une carte de cueillette, sur laquelle il doit indiquer chaque jour presté. Il s’agit donc de contrats journaliers.

En Belgique, il existe une réglementation légale pour le travail saisonnier ou occasionnel dans l’horticulture depuis 1994. En 2014, une réglementation a également été mise en place dans l’agriculture. Elle a été conçue pour gérer les pics et lutter contre le travail au noir.

Le temps de travail peut monter jusqu’à 11 heures par jour. Par contre, on ne peut prester qu’un nombre limité de jours : 35 jours dans l’agriculture et 50 jours dans l’horticulture. Il se peut que ceci évolue dans un avenir proche. Les partenaires sociaux ont conclu un accord pour des augmentations salariales pour le travail saisonnier en échange de l’élargissement du nombre de jours. Pour la mise en œuvre de cet accord, il faut attendre l’approbation du gouvernement. En effet, à cause de la loi sur la norme salariale, le coût supplémentaire doit être compensé.

De grands défis

Le secteur connaît de grands défis. La recherche de travailleurs bon marché a comme conséquence l’engagement d’un nombre croissant de travailleurs saisonniers non-européens dans l’agriculture et l’horticulture. Il est urgent d’améliorer leurs conditions de travail, leurs salaires et d’élargir les droits sociaux.

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