EDITO | Premier bilan désastreux

EDITO | Premier bilan désastreux

Le gouvernement De Wever est en place depuis six mois. C’est l’heure d’un premier bilan. Les choses sont-elles aussi dramatiques que nous le pensions ? Avons-nous été trop pessimistes ? Nous sommes-nous trompés ? Malheureusement pas du tout. C’est même pire que prévu. S’il existait un prix du « démantèlement social à grande vitesse », cette coalition serait à coup sûr sur le podium.

Le licenciement est aujourd’hui plus facile que jamais. Un aller-retour à la machine à café et vous risqueriez de perdre votre emploi. Les délais de préavis sont raccourcis, les heures supplémentaires imposées, le travail de nuit sous-payé. Et si vous n’êtes pas d’accord, c’est certainement que vous avez un problème d’ « éthique au travail ».

Bientôt, vous n’aurez plus le droit de tomber malade. Votre salaire garanti en cas de rechute sera divisé par deux. Le travail à temps partiel – sachant que le temps plein est devenu une denrée rare dans de nombreux secteurs – sera pénalisé. Et comme si cela ne suffisait pas, le droit de grève, qui est pourtant un droit fondamental, est déjà sur l’échafaud BDW- Bouchez.

Qu’en est-il des employeurs ? Tout va très bien, madame la Marquise… Champagne, caviar et une loi sur la norme salariale qui rend toute augmentation de salaire rigoureusement impossible. Le mémorandum de la FEB étant devenu, à peu de chose près, le programme de gouvernement, les patrons peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Vous avez le droit de « négocier » une augmentation de salaire, oui. Mais le résultat est connu d’avance : zéro virgule zéro.

Et si vous ne trouviez pas de travail, malgré une carrière déjà longue, malgré tous vos efforts de recherche ? Il faudra vous tourner vers les CPAS. Vous pensiez que les plus de 55 ans étaient protégés de l’exclusion de l’assurance chômage ? Détrompez-vous. Ce sera seulement si vous avez travaillé à temps plein pendant 30 ans.  Malade de longue durée ? Dans ce cas, vous êtes officiellement le suspect numéro un de la grande triche organisée par 500.000 personnes en Belgique qui « profitent du système ». Et en tant que femme ? Vous êtes doublement, triplement dans le pétrin.

Que sont devenues la solidarité et l’empathie? Des notions « de gauchistes » ! Démodées. Désormais, ce sera « marche ou crève ». Et en silence s’il vous plaît. On n’en peut plus de vos manifestations qui troublent l’ordre public !

Le capital sera-t-il mis à contribution de l’effort, lui aussi ? Eh bien… oui, mais beaucoup moins. Après un accouchement très long, la nouvelle taxe sur les plus-values devrait rapporter  500 millions d’euros par an, soit 18 fois moins que la suppression de nos droits sociaux. Et ça, c’est sans compter l’ingénierie fiscale qui va s’atteler à sa tâche préférée: contourner légalement ce nouvel impôt ! Toutefois, ne soyons pas mauvaise langue. Espérons qu’il s’agit ici d’un premier pas dans la bonne direction. Et que l’Arizona va désormais cesser de dépecer l’État de droit et la Sécurité sociale. Et s’orienter, équitablement, vers de nouvelles recettes.

Toujours est-il qu’en à peine six mois, ce gouvernement a orchestré la plus grande régression sociale depuis 80 ans. Mais pas question de se laisser abattre ! Chaque mois de cette année, nous avons été des dizaines de milliers — syndicats, associations, citoyens — à descendre dans la rue pour montrer qu’on ne laissera pas tout passer. Et cet été ? Nous continuons à préparer la mobilisation.

Car le 14 octobre, c’est reparti pour une grande manifestation à Bruxelles, avec les autres syndicats et la société civile. Apportez votre klaxon, votre pancarte et, surtout, votre indignation. S’il y a bien une chose que ce gouvernement clarifie, c’est que notre message doit être plus fort, plus tranchant et plus rassembleur que jamais.

À tous les membres, militant.es et sympathisant.es : un grand merci ! Et à tous et toutes, bonnes vacances – profitez-en tant que vous y avez encore droit.

Thierry Bodson et Bert Engelaar
Plus de publications

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Lire aussi x

Syndicats Magazine

GRATUIT
VOIR