OPINION | Retour à l’austérité ?

OPINION | Retour à l’austérité ?

Un billet des Services d’étude de la FGTB, publié dans le feuillet d’information ECHO de Mars 2023.

Les finances publiques font constamment l’objet de discussions. Tant en Europe qu’au niveau national, de plus en plus de voix s’élèvent en faveur d’un “assainissement” des budgets publics. Cela ne pourrait se faire sans “réformes”. Ce qui sous-entend des “réductions des dépenses” au niveau de la protection sociale. Des économies sur les dépenses publiques.

La Commission européenne a quelque peu assoupli les règles budgétaires à la suite de la pandémie de coronavirus et de la crise énergétique, mais souhaite revenir à la normale à partir de 2024. Elle a même mis sur la table des plans visant à mettre au pas les États membres les plus endettés. Aujourd’hui déjà, le déblocage des fonds européens de relance est conditionné à des “efforts suffisants.”

Une dette publique intenable

Au niveau national, les libéraux insistent pour obtenir davantage de réformes, notamment en matière de pensions. Entre-temps, le flanc conservateur du gouvernement reçoit tout le soutien du gouverneur de la Banque nationale et d’un groupe de prétendus experts qui ont récemment publié un plaidoyer décrivant l’état des finances publiques comme intenable.

Leur perception est certes juste. Après tout, dénoncer comme “intenable” une dette publique de plus de 100 % du revenu national ne relève-t-il pas du bon sens ? Pourtant, une autre lecture des faits est néanmoins possible. Et nécessaire.

Un état permanent de gestion de crise

La détérioration de nos finances publiques est principalement le résultat d’un état permanent de gestion de crise : secourir les banques privées, venir en aide aux entreprises lorsque le coronavirus menaçait d’étouffer l’économie, maintenir la demande économique à niveau lorsque les marchés de l’énergie ont failli à leur devoir de fournir cette énergie à des prix abordables.

Car si les finances publiques connaissent des moments difficiles, ce n’est pas parce qu’on s’est montré trop généreux en termes de mesures sociales. Mais parce qu’il a fallu répondre aux défaillances du marché. La détérioration de nos finances publiques est principalement le résultat d’un état permanent de gestion de crise : secourir les banques privées, venir en aide aux entreprises lorsque le coronavirus menaçait d’étouffer l’économie, maintenir la demande économique à niveau lorsque les marchés de l’énergie ont failli à leur devoir de fournir cette énergie à des prix abordables.

Subventions salariales record

Par ailleurs, si nos dépenses publiques sont relativement élevées par rapport à d’autres pays, c’est en partie en raison de subventions salariales élevées accordées aux entreprises – la Belgique est championne en la matière – et de la complexité de notre structure étatique. Mieux vaut y réfléchir à deux fois avant d’avancer une nouvelle réforme de l’État.

La prudence est assurément de mise. Et il convient de faire preuve de la même prudence lorsque l’on envisage une nouvelle réforme fiscale. Il ne peut en tout cas pas être question d’une nouvelle saignée des recettes publiques, au détriment des services publics. Un regard du côté des grosses fortunes et des superprofits suffit pour constater que la marge est encore grande pour dégager de nouvelles recettes…

Investir pour croître

La clé réside dans la dynamique de croissance économique. Le niveau d’endettement baissera de toute façon si la croissance reprend. Et cela nécessite des investissements publics pour rendre notre infrastructure économique et sociale plus durable. La protection sociale reste fondamentalement nécessaire. Elle doit être un point de départ et non une variable d’ajustement liée aux objectifs budgétaires.

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